Le projet CosyFood a réuni 4 partenaires de recherche qui ont co-créé et mis en oeuvre des outils d’évaluation de la durabilité de filières alimentaires alternatives Bruxelloises.

Enjeux et questionnements

A Bruxelles comme ailleurs en Europe et dans le monde, de nombreux projets d’alimentation durable et alternative (définition en bas de page) voient le jour. On parle de plus en plus d’alimentation durable et de transition vers un système alimentaire plus durable et résilient. Les politiques et les administrations commencent à s’intéresser à la question alimentaire. C’est le cas à Bruxelles, avec la stratégie Good Food .

Mais la durabilité d’un système alimentaire, c’est quoi ? Qu’est-ce que cela implique concrètement dans la pratique pour une filière de distribution et l’ensemble des acteurs qui y sont impliqués ? Quelles sont les questions à se poser et les réflexions à engager pour appréhender la durabilité ?

La question de recherche principale du projet CosyFood est donc la suivante :

les systèmes alimentaires alternatifs sont-ils durables ?

Pour aborder cette question générale, le projet a plus précisément exploré deux questionnements sous-jacents fondamentaux :

  1. Comment définir la durabilité de systèmes alimentaires alternatifs (filières de distribution) ?
  2. Comment évaluer la durabilité de ces filières ?

 

Consortium de recherche, financement et durée

Pour traiter ces deux questions, trois filières alternatives bruxelloises (partenaires de terrain) se sont associées à l’Université Libre de Bruxelles (partenaire scientifique) pour solliciter un financement de recherche auprès d’Innoviris , via l’action Co-Create. Le financement s’est étendu de janvier 2016 à juin 2019.

Les membres du consortium de recherche sont :

  • L’Institut de Gestion de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire (IGEAT) de l’Université Libre de Bruxelles
  • La Vivrière , coopérative alimentaire active dans la commune bruxelloise de Forest et qui a hébergé La ruche de Forest au sein du réseau de La Ruche qui dit oui !
  • Färm, coopérative de magasins-supermarché bio
  • Le Réseau des GASAP , qui structure et coordonne 90 Groupements d’Achat Solidaire de l’Agriculture Paysanne à Bruxelles et en Wallonie

La motivation de Färm de participer au projet CosyFood

 

La motivation du Réseau des Gasap pour participer au projet CosyFood

 

La motivation de la Vivrière de participer au projet CosyFood

 

 

Processus de recherche

Les membres du consortium ont développé et expérimenté une démarche de co-création qui leur a permis de traiter les questions de recherche et ce à différents niveaux. Un travail en commun au sein du consortium, impliquant de manière régulière les publics de chacun des partenaires de terrain (producteurs, transformateurs, collaborateurs, mangeurs) ; un travail au sein de chaque filière, impliquant ces même publics, pour créer des outils spécifiques à chaque contexte d’action mais se nourrissant des résultats du travail commun (voir processus de co-création )

Les principaux produits et résultats

Au terme de la recherche, le projet CosyFood a produit :

Des outils

  • Un référentiel de durabilité et des outils d’animation pour se l’approprier
  • Un outil d’évaluation générique, à l’attention des distributeurs alimentaires (alternatifs), et testé par et au sein des trois filières partenaires
  • Un système participatif de garantie (SPG), construit et testé par le Réseau des Gasap
  • Une charte Biens et Services et un guide des déchets, construits et testés par Färm
  • Une grille de diagnostic des producteurs, construite et testée par La Vivrière

Des réponses aux questions de recherche , compilées dans :

  • Un rapport de l’évaluation comparative des trois filières partenaires de terrain
  • Des articles scientifiques
  • Des recommandations aux pouvoirs publics
  • Des témoignages sur les impacts de l’évaluation au sein de chaque filière
  • Des améliorations et actions au sein de chaque filière

 

La notion de système alimentaire alternatif peut parfois porter à confusion : elle peut se définir à l’échelle mondiale, à l’échelle régionale, à l’échelle locale et les critères de durabilité s’expriment alors différemment. C’est pourquoi, dans le cadre du projet et de l’application du référentiel, nous précisons que la notion désigne des filières de distribution organisées en réseaux d’acteurs à partir et au sein d’un territoire délimité, ici la région bruxelloise.

Ces filières alternatives se définissent souvent par toutes leurs pratiques « opposées » au fonctionnement du système alimentaire « conventionnel », mondialisé, industriel et à grande échelle. Cette altérité s’observe en général à partir de trois caractéristiques centrales :
– Des produits différents (bio, de qualité, artisanaux) alliés à des processus de production différents (bio, petite échelle, agriculture paysanne, agroécologie, permaculture, agriculture familiale) ;
– Des réseaux de distribution organisés différemment, réduisant la triple distance entre producteurs et consommateurs (distance physique, nombre d’intermédiaires et distance informationnelle) ;
– Des formes de gouvernance innovantes au sein de ces réseaux pour coordonner et organiser les relations entre les acteurs de la production, de l’achat et de la commercialisation des denrées.

À partir de ces éléments, on peut comprendre que la notion de système alimentaire alternatif englobe des réalités très diverses. Les acteurs qui s’en réclament peuvent proposer une des trois caractéristiques (un magasin bio) ou une combinaison entre elles (par ex. un magasin coopératif de producteurs et consommateurs qui vend uniquement des produits bio), ce qui est plus souvent le cas.

Les trois filières partenaires du projet, qui ont co-construit le référentiel, proposent chacune une combinaison entre ces trois ensembles de caractéristiques, en faisant leur propres choix selon l’essence de leurs projets respectifs. Elles entrent toutes les trois, malgré des fonctionnements différents, dans la catégorie des systèmes alimentaires alternatifs.